• A un maire qui s'est offert un édito "Charlie mais"ds le journal municipal

    Monsieur le Maire,

     

     

     

    D’abord permettez-moi de vous féliciter pour ce que vous relatez avoir fait, à la suite des assassinats de janvier, avant la publication de votre éditorial.

     

    Ceci étant dit, en tant que citoyenne et dessinatrice de presse, j’ajouterai ce « mais » :

     

    Les morts collaborateurs de Charlie, en matière d’humanisme et de respect, n’ont de leçons à recevoir sinon de quiconque, du moins pas de la plupart de ceux qui leur en donnent. Ces images, dont je suis quelquefois l’auteure, que certains jugent « blasphématoires » sont portées par une indignation devant l’injustice, une révolte contre l’hypocrisie, un écœurement devant le mensonge, que l’on ne trouve qu’exceptionnellement chez ceux qui nous blâment. Et certainement pas chez les maires qui prennent des arrêtés anti-mendicité, qui ne construisent pas les logements sociaux que la loi les oblige à bâtir, qui prennent leur plume pour écrire « je suis Charlie mais » mais jamais pour écrire « les salaires et retraites-chapeaux des patrons du CAC 40 sont obscènes » ; et certainement pas chez les « religieux » qui n’ouvrent pas leurs temples divers aux réfugiés, aux sans-papiers, aux sans domicile, aux vagabonds et se gardent bien de se rappeler qu’au Moyen-âge, les églises étaient ouvertes jour et nuit aux indigents, qui pouvaient dormir à l’abri sur leur sol couvert de paille.

     

    Je ne sais pas à quelle catégorie vous appartenez et ma remarque n’est donc pas intentionnellement personnelle, si elle l’est , mais je sais qu’il y a plus d’esprit « chrétien », d’humanisme et de respect dans un seul des dessins de Charlie que dans la majorité des « mais » exprimés après les meurtres infâmes. Et si Dieu existe et qu’il est ce que certains prétendent : amour et bonté, il juge sans doute que fermer la porte aux nécessiteux est un plus grand blasphème que la collection complète de Charlie-Hebdo.

     

    S’il faut cesser de « blasphémer », que Messieurs les donneurs de leçons commencent.

     

    Cordialement,

     

    TRAX (Christine Traxeler)

     

    Paris.

     

     

     


  • Commentaires

    1
    cemekepirketou
    Mercredi 3 Juin 2015 à 00:48
    cemekepirketou

    J'adore cette prose bien aiguisée et tranchante comme la justice du Tarot de Marseille ou le sabre de Zatoïchi. Bravo !

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