• Ca l'affichait déjà mal ...

     

    Maintenant que la vague est bien passée …

     

     

     

    Sachant que Barricades est un journal parfaitement impartial qui respecte la liberté d’opinion de ses électeurs, j’ai préféré attendre le passage de la vague pour vous proposer une réflexion sur l’affiche de campagne choisie par Nicolas Sarkozy. (Et n’écoutez pas  le rédac’ chef s’il vous dit que si je faisais moins la fête, je serais peut-être plus à même de suivre le rythme de l’actu).

     

     

     

    On se souvient que cette affiche associait Sarkozy à une mer d’un bleu et d’un ensoleillement typiquement méditerranéens, étale et vide,  sous le slogan plein d’imagination et de profondeur « La France forte ».

     

    Je vous livre mes associations d’idées immédiates :

     

    -          les vacances sur le yacht de Bolloré,

     

    -          ses séjours de luxe avec sa femme de luxe dans la villa de luxe des Bruni au Cap Nègre et les interventions illégitimes et anti-écologiques de Sarkozy sur les problèmes de tout-à- l’égout de la copropriété de milliardaires qui inclut cette villa,

     

    -          le naufr               age des bateaux d’immigrants qui se décomposent lentement chaque jour  sous  cette mer qui n’est belle et vide qu’en surface,

     

    -          enfin la Grèce, dont cette mer est presque le symbole. Or la Grèce n’est pas là : la Grèce a coulé comme les immigrants. Mais la France, elle, flotte sur la même mer, représentée par son président qui jubile.  Et quand je lis « La France forte », j’ai l’impression d’entendre : « La France, elle, ne va pas couler, on n’est pas comme cette (là excusez-moi, je vais parler le sarkozy) pauvre conne de Grèce et vivement qu’elle se casse de l’Europe ». Je ne lis pas un message de solidarité mais un message qui serait : « Chacun pour soi ! et s’il le faut pour qu’on s’en sorte, que les autres crèvent. »

     

    La France n’est pas un pays dont l’image, l’Histoire et l’économie sont étroitement liées à la mer, comme l’Angleterre, l’Italie ou la Grèce.  La mer n’a jamais été son symbole. La France n’existe pas sur l’affiche : sa terre même est absente, et pire, son peuple, tout humain est absent. Sarkozy apparaît comme un Dieu de l’Olympe, planté devant une abstraction. L’affiche dit à la fois l’absence de projet pour une France concrète, l’indifférence à son égard, l’ignorance totale de ce dont elle est faite, le mépris du peuple, la négation absolue de l’une et de l’autre, et la volonté d’exercer le pouvoir sans aucun partage.

     

    Quant à la mer étale, elle en rappelle une autre : celle qui apparaît au fond de la très célèbre « Mélancolie » d’Albrecht Dürer. La mer, qui  vient de permettre les « Grandes découvertes », y est aussi représentée sans la moindre vague ; aucun bateau ne s’y est engagé car il n’y aurait plus aucun vent pour le pousser. En 1514, les grandes découvertes ont à peine commencé que déjà il n’est plus question de paix et d’homme universels, mais de domination du monde et d’hommes esclaves. La Mélancolie de Dürer, le visage tristement appuyé sur sa main, semble songer qu’il est temps de stopper ces grandes découvertes et de s’interroger sur leur sens en termes d’humanisme.

     

    Espérons encore et malgré tout – sinon pourquoi s’être abonné à Barricades ? - que ce siècle saura s’interroger de même avant de poursuivre ses destructions effrénées.

     

    Remercions quand même les communicants :  cette affiche inspirait immédiatement les parodies les plus rigolotes et les plus sanglantes et celle du Nouvel Obs’ restera sans doute dans toutes les mémoires.

     

    Et ne soyons pas ingrats, ce quinquennat a eu UN effet positif :  on a rarement autant lu et relu ce chef-d’œuvre sado-maso qu’est la Princesse de Clèves.

     

     

     


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