• Keith qu'il ne faut pas voir ou le Haringolo

    Keith qu’il ne faut pas voir!! ou Har(ing)o sur les arnaqueurs !

     

    Keith Haring expose dans deux lieux que je ne préciserai pas pour ne pas ajouter à sa pub’.

    J’y suis allée comme j’étais allée voir Basquiat, pour ne pas juger du talent de l’artiste sans avoir vu ses œuvres autrement qu’en reproductions et incontournables produits dérivés.

    Je suis maintenant convaincue du très grand talent de Basquiat, qu’il s’agisse de ses compositions, de ses couleurs, de ses thèmes et par-dessus tout, de sa sincérité.

    Je suis non moins convaincue que Haring ne fut qu’un opportuniste bavard qui aurait dû se contenter de décorer des tasses. 

     

    Liquidons le point de vue artistique aussi vite qu’il le mérite. L’imagination de Haring était épuisée dix ans avant sa mort. Le gigantisme de certaines de ses œuvres prouve son talent pour trouver l'argent nécessaire mais on ne ressent nulle part que cette démesure ait répondu à une nécessité intime ni qu’elle ait un sens, et les œuvres n’y gagnent rien. Répétitif dans ses thèmes, faible dans son dessin, convenu dans ses tentatives de provocation, sans audace dans ses couleurs, maladroit dans ses compositions et, ce qui est bien pire, dépourvu de sincérité, Haring est à Basquiat ce que la piquette est au Mouton-Rothschild. 

     

    Cependant il ne serait pas très grave qu’un incapable pistonné de plus soit exposé dans de hauts lieux culturels. Mais que l’exposition de ce bouffon porte en sous-titre « The political line », voilà qui relève de l’escroquerie en bande organisée.

    Lisez la biographie de Haring, particulièrement celle écrite pour l’exposition : son militantisme y est gonflé comme la baudruche qu’il est. Il est clair qu’il  n'a jamais été un militant politique et qu’il a le plus tôt possible puis sans cesse joué à fond le jeu du marché. 

     

    Les opérations gadgets que ses complices du marché de l’art tentent de faire passer pour ses hauts faits se résument à : avoir distribué 20 000 copies d’un poster signé de lui lors d’une manif anti-nucléaire, avoir créé des pop’shops, avoir distribué ses T-shirts aux pauvres pêcheurs d’un village du Brésil, avoir, à ses débuts, graffité dans le métro, avoir, in articulo mortis, créé une Fondation.

     

    Distribuer 20 000 reproductions de son propre poster à une manif' antinucléaire a sans doute été un excellent coup de pub et l'occasion de créer des collectors peut-être, un jour, juteux. Mais, comme geste écolo, des milliers de gens  ont fait beaucoup mieux que de distribuer des kilos de papier, et, dans la lutte antinucléaire, beaucoup mieux et plus risqué que de participer à UNE manifestation en médiatisant cette participation! Cela s’appelle utiliser une lutte au seul profit de son image et de sa cote. Si Haring avait donné aux vrais militants antinucléaires l'argent mis dans le tirage nombriliste et calculateur de ses posters, celui-ci aurait certainement été beaucoup mieux employé. 

     

    Quant à ses pop shops, l’un des lieux d’exposition présente celle qui était installée à ... Saint-Tropez ; pas dans le « 9 cube », curieusement. Affligeant. Dans un décor sans imagination qui n'est qu'un bégaiement de sa production rabâchée, ce militant de pacotille ne vendait que lui-même décliné en gadgets, et pas au prix de la poule (de batterie) au pot. Le peuple, lui, peut donc continuer à se fournir en made in China et le rôle de ces shops dans la diffusion de l’art n’est rien moins que populaire.

     

    Dans le même lieu, une vidéo "Haring au Brésil" montre parfaitement dans quel milieu friqué, branché et superficiel, Haring a évolué et été porté aux nues. Sa grande oeuvre philanthropique là-bas (la seule dont ses amis puissent se souvenir et se gargariser sur cette vidéo) fut de distribuer ses T-shirts invendus à tous les pêcheurs et enfants de pêcheurs du coin.

     

    Que même ses graffiti les plus médiocres sur les papiers noirs du métro aient été récupérés pour être exposés dit tout sur sa soi-disant volonté de mettre l'art à la portée de la rue. Dans la rue, oui, mais juste le temps que ce contexte fasse monter leur cote. 

     

    Certes Haring a créé, sentant son heure venir, une Fondation. On sait que derrière une Fondation peut se cacher une excellente opération fiscale pour l’artiste, ses héritiers et ses marchands. Bon, d'accord, là je parle sans savoir mais il l'a bien mérité. 

     

    En conclusion, je conseille vivement d’éviter les deux pures déjections du marché de l’art que sont ces expositions, conseil qui malheureusement n'aura aucun effet sur la perpétuation de cette imposture. Mais au moins, vous aurez été prévenus. 

     


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