•  

    Toujours à l’affiche : il est encore temps de ne pas y aller

     

    De rouille et d’os a quelque chose d’excellent : son titre.

     

    Pour le reste, résumons : une greluche sans cervelle mais super bien roulée se fait bouffer les deux jambes par des orques. (Pardonnez le style mais, pour bien informer, je dois aussi restituer l’ambiance).

     

    Déjà, à ce stade du film, comme la poupée gonflée fait faire à ces créatures créées par un Dieu en pleine bandaison imaginative, des pitreries de bouffon sur une musique de bidet, je me suis dit : «  bravo les orques ! C’est une chouette idée de croquer un bout de cette cagole (nous sommes dans le sud-est) qui piétine tous les jours les merveilles que vous êtes ici-bas, mais œil pour œil dent pour dent, pour être quittes, vous auriez aussi bien fait de la croquer tout entière ou au moins jusqu’au bas-ventre inclus». Mais il faut bien que le film dure une heure, en-dessous ça se vend mal, et ce n’est pas le message d’Audiard, très loin de là.

     

     

     

     Donc la dompteuse croquée se retrouve en version deux-tiers : d’où quelques gros plans sur ses cuisses … point final, de suture. Ah là là, la violence du film, je vous dis pas mais toutes les critiques vous le disent, et si elles le répètent assez, ça va déjà faire venir pêle-mêle quelques paquets de voyeurs et quelques louches de prétendus cinéphiles prétendument amateurs de prétendues audaces prétendument radicales. Stop ! Amateurs de hachis, je vous préviens, n’allez pas vous faire arnaquer: les deux moignons sont hyper propres. Y a des fois les chirs se ratent mais là c’est pas la boucherie Sanzot avec la tête et les seins de Yolande Moreau au-dessus. Non, c’est  de l’ourlet haute couture au bout d’une poupée juste un peu pâlotte.

     

     

     

    A ce stade, la  pin-up (en l’occurrence punaisée sur un fauteuil) manifeste une certaine déprime. Qui toutefois lui va très bien au teint. Là, c’est vraiment la preuve de l’immense acuité psychologique  du réalisateur, qui, bien qu’il ne soit pas lui-même à roulettes même s’il est de plus en plus manchot, a deviné qu’une telle amputation des jambes cause à Bimbette une dépression forcément plus pénible qu’une impossible amputation de son cerveau. Dépression partagée par son lave-vaisselle et qu’expriment un maquillage adéquat et quelques plans sur des rideaux tirés. C’est le grand art de l’ellipse du réalisateur.

     

     

     

    Heureusement, ouf! ouf!, c’était trop de violence insupportable, l’héroïne smartphone une brute épaisse rencontrée la veille, qui exerce le beau métier de cogneur-videur des agités de la nuit, torgnole son fils pour (ne pas) se détendre, flique en loucedé des salariés smicardeux, et, le jour où il fait licencier sa sœur, a l’air de trouver qu’elle aussi  mériterait bien un aller-retour vu ce qui reste dans le frigo. (Le môme se réfugie dans la niche des chiens dont le départ peu après le rend triste: bon sang, mais où le réalisateur va-t-il chercher des images-symboles-synthèses aussi originales et puissantes pour montrer le monde de l’enfance? C’est tout l’art de l’ellipse chez Jacques Audiard).

     

     

     

    Et là, vous n’allez pas le croire : la brute veut bien s’envoyer en l’air avec les deux tiers de Marion Cotillard. Mais franchement, faudrait vous pousser, vous, pour être à sa place ? On ne peut pas dire que cette petite suée, rassérénante pour les deux, fasse du film un extraordinaire plaidoyer pour la tolérance face au handicap, alors qu’une fois encore, avec Tsilla Chelton dans le rôle, là oui, ça aurait eu du panache !

     

     

     

    Ne riez pas, c’est le moment ultra-sensible du film. Le spectateur est vrillé par la question-nœud de l’oeuvre : comment cette jeune femme dont on mesure toute la profondeur et toute la sensibilité à la façon dont elle suggère à la brute que, ouais, bon, baiser c’est bien mais faudrait y mettre de la délicatesse, tu sais là, le truc que t’as fait preuve y a huit jours entre 14h et 14h 10, peut-elle s’amouracher de l’orang-outan ? Parce qu’elle voit bien à son système pileux que CE N’EST PAS un orang-outan qui boirait trop de bière? Oui, sans doute, (même si le spectateur, averti des merveilles que font les effets spéciaux, lui, doute encore). Aussi un peu parce que, à la façon dont la Chose serre parfois les dents, (oui là c’est bon coco, plus crispé encore, ouais, ouais) elle devine que son petit cœur est une corde de violon qui n’attend que ses doigts virtuoses à elle pour vibrationner (hélas, le spectateur, lui, sait que ce trismus n’est qu’une vieille grimace de singe hollywoodien – et il penche de plus belle pour l’orang-outan)? Probable.

     

    Mais entre nous, chers spectateurs, faut vraiment  pas s’étonner que ça flash-back  entre eux car, s’ils se sont rencontrés, c’est qu’ils fréquentaient la même boîte de pis, de nuit pardon, de merde, avec une ambiance de merde, une musique de merde, de l’alcool de merde, un dialogue de merde (heureusement on y entend mal) et ce qui chez la fille a particulièrement éveillé les sens délicats du mec c’est que, comme il le lui a poétiquement susurré, elle portait une robe de pute. Oh là là là là, cette violence entre eux !!!!

     

     

     

    Je précise qu’il ne faut pas s’endormir pendant les petites tétanies sporadiques de la mâchoire de la Chose si on veut comprendre le pourquoi, le comment et le ressenti des blessures dont il est bâti car c’est presque le seul élément fourni par le réalisateur pour construire la crédibilité et la profondeur du personnage. C’est tout l’art de l’ellipse chez Jacques Audiard.

     

     

     

    Alors donc la Belle Bête et la Moche Bête se mettent à la colle. Mais il reste encore un bon bout de film à faire sans décevoir les voyeurs, les soi-disant susdits cinéphiles et les critiques susceptibles d’attirer les mouches. Donc, tracto-pelle de violence pour la bande-annonce : le p’tit crâne se met à vivre de sanglants combats à mains nues. (Ne vous déplacez pour ces branlées que si vous êtes vraiment (a)mateurs passionnés de gnons et d’hémoglobine : des castagnes filmées de cette façon, on en a vu des tonnes). Semi-remorque de délicatesse pour la pub’: après une éphémère envie de dégobiller, la Belle Bête décide qu’il vaut mieux manager les gros muscles,  et si elle fait ce choix après un long combat intérieur digne de la Princesse de Clèves, le spectateur n’en saura rien car le réalisateur, avec une pudeur sans limites, ne nous en laisse strictement rien percevoir. Au point qu’on a l’impression qu’elle ne réfléchit pas du tout sinon sur le choix d’une splendide 4x4 de maq’manager (merci les sponsors sans doute). C’est tout l’art de l’ellipse chez Jacques Audiard.

     

     

     

    Et bla et bla, le boxeur manque de voir son fils finir en congélateur, et s’avoue du coup que pour les moments de gros cafard, ça soulage de pouvoir smartphoner  la Belle Bête : « Eh ! j’arrive à dire un nouveau truc : « je t’aime » ». Ca tombe bien le petit décongelé apprécie beaucoup aussi sa nouvelle maman (la vraie, réclamée une fois, file ensuite aux oubliettes : c’est tout l’art de la psychologie enfantine chez Jacques Audiard).

     

     

     

    La vie explose, on peut passer à la happy end, on voit que c’est le BONHEUR  parce que, dernières images, ils sortent tous les trois d’un hôtel suuuuper-luxe sous les flashes d’innombrables projecteurs et les vivats de meutes de fans. Lui est devenu un grand SPORTIF qui se fait des couilles en or en éclatant la gueule des autres ! Un mec, un vrai, pas une mauviette ! Elle, c’est SA super NANA roulée comme une Ferrari, (c’est le cas de le dire pour un tiers) ! Elle va … euh … faire du fric en manageant son keum ou du shopping ? Là sur ce qu’elle va faire, y a pas trop de détails mais on devine l’essentiel : elle sera avec lui sur toutes les photos qu’ils vendront plus cher si il y a le môme dessus. Ils sont RICHES ! CELEBRES ! Le petit gosse est SUPER BEAU,BLOND, AUX YEUX BLEUS ! Et cerises sur le gâteau, les deux prothèses  de la Marionnette ont un look qui renvoie la roboïde de Métropolis au rayon des orifices gonflables, et donnent à l’heureuse amputée vraiment, vraiment une incroyable allure de TOP.

     

     

     

    En y réfléchissant, je regrette tout le mal que je viens de dire : ce film est une parabole politique.

     

    Allons, concentrez-vous : ça ne vous rappelle pas une autre cagole et un autre singe? Comment s’appelaient-ils déjà ? Carla … et … et … ah ! oui ! Nicolas !

     

    Au début, elle est de gauche bêtement. Oui, c’est le mot juste : bêtement. Elle rencontre une brute épaisse qui n’émet qu’un seul son, non pas chtonk ! chtonk ! comme ds le film, mais bling, bling. Pendant un moment, elle se dit : « c’est vraiment une brute épaisse ». Et puis voilatipa qu’il promène son fils sur le dos, une fois, (poussez-vous les caméras, non, non pas tant). Elle se dit : « Bon sang, mais c’est bien sûr ! La Bête a un cœur ! Que faire ? Eduquer la brute ? Faire jaillir l’ange de la Bête ? Non point, t’as vu le boulot, je serais sûrement pas à la hauteur. Devenons brute moi-même, devenons deux brutes en or ! » Bon, là, on ne connaît pas encore toute la fin, mais sur le côté happy de son début, les avis sont partagés à l’extrême.

     

     

     

    Enfin ce film est un film socialement utile, voire indispensable. Il va relancer la croissance au moins dans un domaine : parions que des troupeaux de décervelées vont se faire couper les jambes et se faire greffer les prothèses de Marion Cotillard, en platine avec diams incrustés, pour avoir cette merveilleuse démarche chaloupée qui renvoie la Divine de Mars Attack au rayon des Ségolène traversant un podium. Avant de s’apercevoir trop tard que ce n’est que dans les mélos de caniveau que les prothèses ont cet effet. Et ça me fera plaisir pour les orques.

     

     


    1 commentaire
  • "La caricature, ce n'est pas de l'art. C'est de l'anarchie".

    (Battling le ténébreux)

    Ooooh, merci, merci!


    votre commentaire
  • Lagarde: 500 000 € de salaire par an non imposés.


    votre commentaire
  • Sarkozy maquereau bureaux de 11 pièces 180 000 € par an

    Sarkozy vient d'installer ses bureaux dans le 8e arrondissement dans un appartement de 11 pièces et de 323 m2 dont le loyer, 180 000 € par an sera entièrement payé par l'Etat parce que "c'est la tradition" pour tous les anciens présidents de la République.


    votre commentaire
  • prostitution J.O. Jeux olympiques 2012


    votre commentaire